Endettement des collectivités : état des lieux et marges de manœuvre

Face à la crise Covid, les collectivités ont mobilisé l’emprunt de façon plus importante que les années précédentes. Les ratios d’endettement demeurent toutefois très satisfaisants et les collectivités peuvent saisir l’opportunité de taux d’intérêt encore historiquement bas alors que le contexte inflationniste semble désormais s’installer durablement.
Un endettement contenu malgré la crise Covid

Face à la crise sanitaire, une hausse de l’endettement à relativiser

Si l’endettement des collectivités locales a augmenté significativement entre 2019 et 2021 (+5%), c’est principalement pour faire face à la situation exceptionnelle de la crise sanitaire liée au Covid. Les régions ont assumé les deux tiers du surplus (4,9 Md€ sur les 7,6 Md€ supplémentaires), suivies des EPCI alors que les départements et les communes ont vu leur encours de dette stagner.

Si l’on considère les Administrations publiques locales (APUL), spectre plus large que les collectivités, le poids de leur dette dans le PIB est resté stable sur la période 2014-2019, oscillant entre 8,7% et 9%. L’indicateur n’a crû qu’en 2020, passant à 10%, sous l’effet conjugué de l’augmentation de l’endettement et du recul du PIB. Son niveau demeure stable en 2021 à 9,9%.

Le taux d’endettement (encours de dette rapporté aux recettes de fonctionnement) a reculé passant de 75,3% en 2016 à 71,7% en 2019 avant de remonter à 75,4% en 2020 et de reculer de nouveau en 2021 à 73%. La progression est forte pour les régions et se prolonge en 2021 mais elle est contenue pour les autres niveaux de collectivités et circonscrite à l’année 2020. En effet, le taux d’endettement moyen observé recule en 2021 pour les communes (-3 points), EPCI (-1 point) et départements (-4 points).

 
Une dégradation « mécanique » du délai de désendettement déjà effacée

Le délai de désendettement, soit l’encours de dette rapporté à l’épargne brute, constitue un indicateur synthétique de la situation financière d’une collectivité. Il exprime le nombre d’années théorique nécessaires à la collectivité pour rembourser sa dette si elle y consacrait la totalité de son épargne brute.

En 2020, l’encours de dette a augmenté pour faire face à la crise Covid. Parallèlement, les recettes comme les dépenses de fonctionnement des collectivités ont été bouleversées, faisant reculer l’épargne brute. Le délai de désendettement s’est donc globalement détérioré pour tous les niveaux de collectivités, passant de 4,3 à 5 ans. Les régions qui sont venues en aide au tissu économique local ont été plus fortement impactées (+1,7 an).

La dégradation globale du délai de désendettement en 2020 apparaît comme conjoncturelle et non comme un déséquilibre structurel sur plus longue période. En 2021, le délai de désendettement a retrouvé son niveau de 2019 à 4,3 ans. Il s’est même très nettement réduit pour les départements (-1,3 an) pour atteindre 2,8 ans.
 Des conditions d’emprunt encore favorables mais de nouvelles contraintes émergent
Des taux d’intérêt historiquement bas

Les collectivités bénéficient depuis plusieurs années de conditions de financement très favorables avec des taux d’intérêt faibles leur permettant de s’endetter à moindre coût pour financer leurs investissements.

D’après Finance active, le taux d’intérêt auquel les collectivités ont emprunté en 2021 s’établit en moyenne à 0,62%, en légère hausse de moins d’1/10ème de point par rapport à 2020 (0,56%). Ce taux reste très avantageux, grâce aux niveaux bas observés sur les taux longs et sur les emprunts à taux fixe.

Dans la période d’inflation actuelle (+5,2% sur un an à fin mai selon l’INSEE), ceci correspond donc à un niveau de taux d’intérêt réel très largement négatif : dans ce contexte financier propice, l’usage de la dette s’avère un levier efficace pour financer des investissements de long terme.

Lire l'analyse de l'endettement du 28/6/22